JPP, une voix pour l’histoire
Dans les stades ou dans des soirées, Jean-Pierre Paoli, c’est la voix grave qui vous transporte et fait ressurgir les émotions. Passionné, ce conteur d’histoire a des heures de vols derrière lui, à en faire pâlir les plus grands !
Après l’Euro 1984. Parc des Princes. « Vas-y, prend le micro mon fils » lui dit son ami, Francis Borelli. « Je m’installe dans la cabine, face au micro. Je veux bouger le stade. Je mets la musique de Fugain - Attention Mesdames et Messieurs- tout en chantant dans le micro ! (sourire) Les gens commencent à taper des mains. » Le public l’adopte. Une voix pas comme les autres est née. Touche-à-tout, il devient vite incontournable dans le milieu. Il a su rapidement inventer son métier, ne serait-ce qu’en exigeant un micro sans fil afin de parler directement sur la pelouse des stades. Entre Parc des Princes (30 ans) et Stade de France (15 ans), il anime tous les tournois indoors des Bleus, les matchs du Paris Saint Germain, mais aussi ceux d’autres clubs. L'ancien speaker du Parc des Princes a également animé de nombreux jubilés de grands joueurs comme ceux de JP Papin et Pauleta. «Pour moi, ce n’est pas mon millième match mais à chaque fois mon premier ! » La passion des débuts est toujours intacte. Son secret ? Avoir les pieds sur terre et ne jamais prendre la grosse tête. La célébrité ne l’intéresse pas. C’est une voix sur scène et il redevient Monsieur-tout-le- monde quand vient le sifflet final. « Je côtoie les grands, mais je sais rester à ma place. » Jean-Pierre est un bon-vivant, qui sait écouter et en imposer.
Le doyen des stades
Dans le milieu, côté joueurs, staffs, supporters ou jeunes speakers des évènements sportifs, tous le connaissent. Lorsque des joueurs de football comme Thierry Henry ou des supporteurs viennent lui intimer : « vous avez bercé mon enfance », pour lui, c’est la consécration. « Ah ! Ça me touche terriblement! » confie t-il. Il ne cherche pas à avoir son nom inscrit sur une feuille de match, ni même à être reconnu dans la profession ou dans la rue. Son grand-père, ancien chaudronnier, est son idole qui lui a transmis le « virus du foot ». Pas de ballon à l’époque mais qu’importe! Petit, il jouait dans les rues de Boufarik (à 35km d’Alger) avec des papiers journaux roulés en boule et maintenus par de la ficelle! En effet, il était issu d’une famille modeste et a su préserver cette authenticité qui inspire la confiance aujourd’hui. « Je ne sais pas comment je suis fabriqué ! D’ailleurs, mes parents se demandaient bien de qui je tenais ! » Jean-Pierre Paoli est un passionné de sport et ancien sportif. Curieux, dans sa jeunesse il s’essayait à toutes les disciplines avec ballon! Au football bien sûr, mais aussi au basket et au handball.
Du culot, et basta!
Rien ne prédestinait ce français d’Algérie d’origine corse, ancien batteur des plus grands (Claude François, Christophe, Nino Ferrer etc.) à faire carrière dans le sport. Enfin, en apparence et pas à ses 18 ans. À son arrivée à Paris, une fois ses études finies, il était déterminé à vivre de la musique. Très vite, il sait ce qu’il veut et fait de la débrouillardise, son moteur. En quelques années, il a travaillé sur les chantiers, a été porteur de valise, mannequin, puis batteur et animateur dans les premières boîtes de nuit de la capitale, à l’image du Club Charron. « La vie est faite de rencontres, à toi de savoir les exploiter.» Sa carrière, il l’a construite à partir de rien. Le cocktail? Un zest de hasard, une pincée de rencontres et un grand verre de culot! Dans les années 75 en Corse, il fait la rencontre de Raoul Liboj, le père de celle qui deviendra plus tard sa femme, photographe de presse à Nice Matin. Il l’emmène avec lui couvrir les matchs, lui présente les joueurs, les journalistes de sport etc. Il a travaillé pendant de longues années avec le grand argentier du foot français, Jean-Claude Darmon. Il a plongé dedans à 30 ans, depuis, il n’en est plus sorti.
«Méfiez-vous, un micro en main, c’est un pouvoir!»
Aujourd’hui encore, certains ne le connaissent que par sa voix. Ses cordes vocales ont beau être les stars qui ont fait sa renommée, on a tendance à vite oublier le travail que demande le métier de speaker. Non, n’importe quel passionné de sport ne peut s’improviser en tant que tel derrière un micro. «On est dans l’urgence en permanence.» Avant chaque rencontre, il s’installe dans son sanctuaire pour écrire les grandes phrases de son discours ; son bureau où s’empile aux murs, par terre et dans des cartons, photos, revues, posters et souvenirs de ses années dans le sport. « Tous les jours, je décortique la presse. A ce jour, on pourrait dire qu’un animateur de stade qui fait bien son travail, doit être proche d’un journaliste. » Il se tient prêt, à chaque rencontre, pour une victoire ou une défaite. Monopoliser l’attention du public, réchauffer l’ambiance du stade ou calmer les esprits, Jean-Pierre Paoli est passé par tous les scénarios. Des victoires mais aussi des défaites historiques, telles que le France-Bulgarie de 1993, qui a mis fin au rêve de la Coupe du monde de 94. Il a tout connu, même le pire en 1992 avec le drame de Furiani. «Mesdames et Messieurs on ne court pas. Vous allez descendre me rejoindre sur la pelouse.» Telles étaient les paroles bienveillantes de Paoli, quelques instants après l’effondrement de la tribune. Des propos, qui, selon le sous-préfet de l’époque, ont été déterminants pour éviter que le scénario ne tourne à la panique générale. «J’étais détruit. J’y pense encore souvent.» À 68 ans, son parcours, il le regarde avec émotion. « C’est une fierté très personnelle, ce n’est pas quelque chose que j’aime étaler. » Jean-Pierre Paoli fait partie de ces hommes loin des projecteurs, sans qui un match n’aurait pas la même saveur. Les cœurs tambourinent … « Et but ..! »
Jean-Pierre Paoli en 5 dates :
*28 janvier 1945 : naissance en Algérie *1962-63 : batteur de Clo-Clo, Nino Ferrer, Christophe/ premières parties : Bécaud, Eddy Mitchell etc. *Après l’Euro 1984 : première animation au Parc des Princes *1992 : drame de Furiani *1995 : rencontre avec Lady D