Les 11 "presque Ballon d’Or’’

07/01/2013 à 15:21

Qui ne s’est jamais laissé aller à classer des joueurs, des équipes ou des matches avec des critères plus ou moins subjectifs ? C’est ce que fait régulièrement la rédaction de Foot123.fr dans la rubrique « les 11… ». Ils auraient dû l’avoir, mais ils ne l’ont jamais eu. Ils ont mérité ce Ballon d’Or, mais n’ont jamais été sacré, la faute à un détail, une année sans, un geste ou une action malheureuse. Retour aujourd’hui sur ces joueurs, passés si près de la plus haute distinction individuelle, mais jamais couronnés.

Les 11 "presque Ballon d’Or’’

1.Xavi Hernandez (ESP)

3e en 2009, 2010 et 2011. "La Maquina’’ sévit encore et toujours sur les pelouses espagnoles et européennes. Mais à désormais 33 ans, que peut encore espérer gagner le cerveau de ce qui fut la meilleure équipe de tous les temps ? On a souvent l’impression que Xavi est né en même temps que "son’’ Barça, tant cela fait des années qu’il parfait sa science du jeu et de la passe devant les yeux ébahis de statisticiens et passionnés. Précis dans le jeu long comme dans le jeu court, métronome indéréglable et meneur d’hommes au calme olympien, Xavi est aujourd’hui l’homme de tous les records du FCB. Projeté titulaire à 18 ans, il en est aujourd’hui à plus de 630 matches joués pour les Blaugrana. Enoncer son palmarès prendrait des jours, mais il faut retenir que Xavi a remporté 23 titres, dont 3 C1, 6 Ligas, une Coupe du monde et 2 Euros. Rien que ça. Sa "malchance’’, sur le plan strictement individuel, sera d’avoir cohabité à l’époque des deux martiens que sont Messi et Ronaldo. Sans eux, Xavi aurait peut-être déjà remporté 3 Ballons d’Or, puisqu’il a fini derrière les deux larrons en 2009, 2010 et 2011.

2. Thierry Henry (FRA)

2e en 2003, 3e en 2006. "You always got a chance, when you got Thierry Henry in your team’’. Les commentateurs anglais ne s’y sont jamais trompés. Imprévisible, souvent présent dans les grands matches – demandez à Sir Alex Ferguson – le numéro 14 des Gunners paraissait tout simplement intouchable durant les 8 années qu’il passa à Arsenal. Au point d’écœurer une concurrence réduite au simple rôle de spectateur, devant les prouesses d’un Frenchy pourtant débarqué de la Juventus Turin en 1999 dans l’anonymat le plus complet. Extrêmement rapide, juste techniquement et d’une précision diabolique dans la finition, Henry, qui incarne l’attaquant moderne et complet, a tout remporté durant sa carrière, tant en club qu’en sélection. Champion du monde, d’Europe, vainqueur de la Premier League, de la Liga et de la Ligue des champions, Henry est aussi devenu le meilleur buteur de l’Histoire des Bleus, dépassant la légende Platini de 10 buts (51). En 2006, il dispute les deux finales les plus importantes de l’année (C1 et Coupe du monde) mais perd les deux. Conséquence, il n’est que 3e au classement du Ballon d’Or, une récompense qui l’avait déjà fui en 2003, lorsqu’il avait fini meilleur buteur (24) et meilleur passeur (23) de Premier League ! Insuffisant pour convaincre le jury de lui octroyer le Ballon d’Or, lui préférant Nedved en 2003, puis Cannavaro en 2006.

3. Paolo Maldini (ITA)

3e en 1994 et 2003. Un modèle de longévité. Comme Baresi, Paolo Maldini a effectué l’intégralité de sa carrière, longue de 24 ans et 902 matches, avec l’AC Milan. Commencée à 16 ans, elle prendra fin à 41 ans, une rareté pour un joueur de champ, qui plus est dans l’un des plus grands clubs au monde où l’exigence est quotidienne. Totalement ambidextre, Maldini, qui incarne à ses débuts une génération nouvelle de défenseurs élégants et techniques, collectionne les records, dont celui du plus grand nombre de matches en Série A (647) et du but le plus rapide en finale de C1 (51 secondes). Il a entre autres remporté 5 des 7 Ligues des champions de l’Histoire milanaise, et 7 Scudetti. Mais s’il rate à 2 reprises la consécration du Ballon d’Or, c’est certainement en raison de son échec sur le fil avec l’Italie dans les compétitions internationales. Finaliste malheureux du Mondial 1994 quelques semaines après avoir glané sa 3e C1, le beau Paolo finit Ballon de bronze cette année-là, simplement devancé par Stoichkov et Baggio. Neuf ans plus tard (!), il retrouve cette 3e marche du podium, à 35 ans, après avoir mené en tant que capitaine les Rossoneri sur le toit de l’Europe. Avec un seul carton rouge amassé en 24 années, Maldini laissera l’image du gendre idéal, apprécié de tous même des ses rivaux les plus acerbes. Et ce même si sa sortie sera ternie par les membres de la Curva Sud, historique virage ultra milanais, qui le siffleront durant son tour d’honneur pour le dernier match de sa remarquable carrière.

4. Frank Rijkaard (HOL)

3e en 1988 et 1989. Comment ne pas se souvenir de cette dégaine, de ce look et de cette allure si caractéristiques ? Imposant personnage de 1,90m à la crinière brune et frisée, ce défenseur de métier devenu demi-défensif, a étalé 15 ans durant sa palette de joueur complet du centre du terrain, aux quatre coins de l’Europe, se permettant même 93 buts en près de 450 matches, total remarquable pour un défensif. Joueur de l’Ajax entre 1980 et 1987, raflant au passage 3 championnats et une Coupe des Coupes, sa carrière prend une autre dimension en 1988. Après une saison et demie à végéter au Sporting-CP puis à Saragosse, Rijkaard est sacré champion d’Europe avec les Pays-Bas, pour ce qui reste à ce jour le seul titre international de la sélection Oranje. Dans la foulée, il répond aux sirènes de l’AC Milan, pour contribuer à amener le club Rossonero à ce qui est à ce jour l’apogée de son Histoire. Le Milan de Sacchi sera en effet le seul club de l’ère moderne à rafler deux Ligues des champions de suite (1989, 1990). Et lui, sera classé 3e au Ballon d’Or en 1988 et 1989, devancé par … Gullit et Van Basten, ses compagnons de carrière en Italie et en sélection, qui eux furent consacrés individuellement. Pour parachever son œuvre, Rijkaard ira garnir d’une 3e C1 son palmarès en 1995, une fois retourné à l’Ajax à la fin de sa carrière. Comme pour montrer que si Gullit et Van Basten avaient besoin de lui pour gagner, lui, n’avait pas tant besoin d’eux. Sa non consécration passerait presque pour une hérésie. Elle résulte en partie de son côté "travailleur de l’ombre’’, et d’une image rendue sulfureuse par l’épisode du crachat sur Rudi Völler en 8e de finale du Mondial 1990.

5. Franco Baresi (ITA)

2e en 1989. Franco Baresi fait partie de cette espèce de joueurs à la fidélité inaliénable. Ses 20 ans de carrière, ils les a passés sous le même maillot, celui de l’AC Milan, avec qui il connut les heures de gloire du début des années 1990. Pourtant, du haut de son mètre 74, Baresi n’avait pas l’imposante carrure des grands épouvantails de surface. Mais il incarnait l’archétype du défenseur italien par excellence. Défendant toujours debout, propre – seulement 32 cartons jaunes et 2 rouges en 563 rencontres ! - et tout en anticipation et en couverture, on en viendrait presque à penser que le Catenaccio a été crée pour lui et son profil de libéro. "Il Capitano’’ a tant connu de joies que de peines. Avec la sélection italienne d’abord, qu’il rejoint à 20 ans, il remporte une Coupe du monde (sans jouer, en 1982) mais perdra aussi une finale (1994, ratant même le 1e penalty de la série qui coutera le titre à la Squadra). Avec Milan, il connait la tristesse des relégations (Totonero en 1980, 1982), mais aussi la joie des consécrations (C1 en 1989, 1990 et 1994). Baresi, c’est une carrière tout en paradoxes : Il a tout gagné (sauf la Coupe d’Italie) mais paye peut-être, et c’est un comble, sa longue régularité devenue avec le temps, trop ordinaire.

6. Roberto Carlos (BRE)

2e en 2002. A coup sur, il est dommage que le meilleur défenseur brésilien de l’Histoire n’ait pas été récompensé d’un Ballon d’Or que personne n’aurait contesté. Mais comble de l’ironie, Roberto Carlos ne doit sa 2e place qu’à un autre Brésilien, Ronaldo, auteur en cet été 2002 d’un des come-back les plus inattendus de l’Histoire du sport. Deux champions du monde en haut du classement, mais une différence notoire : alors que le 1e n’avait joué que 10 matches en 2 ans, le 2e venait de remporter la 9e Ligue des champions de l’Histoire du Real Madrid, sa 3e personnelle en 5 ans. Injustice ou pas, Roberto Carlos restera comme l’un des défenseurs les plus spectaculaires, tant par sa frappe de balle extraterrestre que par ses qualités athlétiques surnaturelles. Boulé d’explosivité de 1,68m, le natif de Garça au Brésil, où il est issu d’une famille pauvre, a connu 7 clubs dans sa carrière. Sept équipes qui l’ont rendu indispensable et indétrônable au poste d’arrière gauche. Nombreux sont les souvenirs laissés par l’international brésilien aux 125 sélections et aux 3 Coupes du monde jouées. De ce coup-franc contre la France ayant défié les lois de la gravité en 1997, à ce but en demi-volée d’un centre-tir de l’extérieur sans angle avec le Real face à Tenerife, "R. Carlos’’ laissera l’image d’un défenseur hors-normes, au point de se demander s’il n’aurait pas pu (dû ?) jouer attaquant…

7. Sandro Mazzola (ITA)

2e en 1971. Avant que le club Nerazzurri ne goute à nouveau au faste de la fin des années 2000, lui garnissait toutes les pages du livre d’Histoire de l’Inter Milan. Pourtant, le stade ne porte pas son nom, pas plus que le domaine d’entrainement où qu’un quelconque trophée estival. Non, Alessandro Mazzola n’a pas vu son patronyme trimballé d’un honneur à l’autre. Et pourtant. Ses 17 années de carrière, il les a effectuées avec son club de cœur, y disputant près de 600 matches (565) pour 158 buts. Attaquant plus créateur que buteur, il est le génie offensif de l’Inter puis de la Squadra Azzura des années 1960-1970, faisant émerger le club dans une dimension supérieure : 4 Scudetti, mais surtout 2 Ligues des champions en 1964 et 1965. En 1970, il subit la foudre brésilienne des Pelé, Jairzinho et autres Carlos Alberto, battu en finale du Mondial avec l’Italie (1-4) par une intouchable Seleçao. Mazzola passera alors tout près d’un Ballon d’Or qui lui tendait les bras en 1971, seulement détrôné par le génial Johan Cruyff.

8. Oliver Kahn (ALL)

3e en 2001 et 2002. Il s’en est fallu d’une erreur, une seule, pour que "King Kahn’’ voie le Ballon d’Or lui passer sous le nez, et n’endosse le costume de plus grand gardien de tous les temps - derrière Lev Yashine. Malheureusement pour lui, il a commis cette bévue en finale de Coupe du monde. Et malheureusement pour lui, c’était devant Ronaldo, l’un des meilleurs attaquants du siècle, et qui s’est chargé non seulement de le punir, mais de s’accaparer dans la foulée la précieuse distinction. Excellent gardien aux réflexes impressionnants sur sa ligne, et au charisme à effrayer les avant-centres les plus téméraires, Oliver Kahn a marqué sa génération. Sept ans à Karlsruhe, puis 14 au Bayern ont bâti sa légende, faite de coups de gueule et d’arrêts surhumains. Entre 2000 et 2002, il semble tout simplement sur une autre planète. Après une finale de C1 perdue en 1999, il mène les siens au Graal en 2001, où il est le héros de la séance de pénalties contre le FC Valence (1-1, tab 5-4), stoppant 3 tentatives espagnoles. Un an plus tard, il ira chercher la médaille d’argent surprise d’une Allemagne de retour au premier plan, seulement défaite (0-2) par le Brésil en finale du Mondial 2002. Huit fois champion d’Allemagne, vainqueur de la C1 et de la C3 (1996), Oliver Kahn, demeure à ce jour l’un des meilleurs gardiens des dernières décennies.

9. Steven Gerrard (ANG)

3e en 2005. "Captain Stevie’’. Depuis Kenny Dalglish, ancienne gloire du Kop d’Anfield Road où se produit toutes les deux semaines le Liverpool FC, Steven Gerrard incarne l’âme du club du nord de l’Angleterre. Formé au club, toujours là à 32 ans, il a tout connu avec son club de cœur. Tout, sauf la consécration en Premier League, après laquelle il court depuis 18 ans maintenant. Car c’est en 1998 que Gerrard a commencé à illuminer le peuple Red. Lancé par Gérard Houllier, il ne sortira plus de l’équipe, et sera dorénavant lié à tous les succès des siens. L’année 2001, qui verra le club réaliser un historique quintuplé, voit Gerrard contribuer à la victoire des Scousers en Coupe de l’UEFA, au terme d’une finale renversante remportée sur le Deportivo Alavès (5-4, a.p). Mais le principal fait de gloire du joueur, au-delà de sa fidélité et de son engagement total, sera de guider Liverpool au sacre européen en 2005. Avec en épilogue une des plus belles finales de la C1 de l’Histoire. Donnés perdants car menés 0-3 à la pause par le grand Milan, les Reds, sous l’impulsion de leur capitaine refont leur retard en 10 minutes, avant de l’emporter aux tirs aux buts. Symbole de l’esprit qui habite cette équipe, Gerrard ne termine que 3e au classement du Ballon d’Or, derrière Ronaldinho et Lampard. 2005, l’année ou jamais pour un joueur qui a par la suite payé sa fragilité récurrente, et n’a à ce jour toujours pas remporté ni la Premier League, ni un trophée majeur avec la sélection anglaise.

10. Dennis Bergkamp (HOL)

3e en 1992, 2e en 1993. L’esthète par excellence. Pour caricaturer, certains diront qu’ils n’ont aucun souvenir d’un but "moche’’ de Dennis Bergkamp. On leur donnerait presque raison. L’Ajax, Arsenal et l’Inter Milan auront eu le privilège de voir évoluer cet avant-centre de formation, reconverti neuf et demi car sa technique et sa volupté étaient supérieures à ses qualités de finisseur pures. Ce qui ne l’a pas empêché de finir meilleur buteur de l’Euro 92 avec la sélection néerlandaise (3 buts), et meilleur scoreur en Eredivisie en 91, 92 et 93. C’est à cette période-là que Dennis Bergkamp est passé tout près du Ballon d’Or. Vainqueur de la Coupe de l’UEFA en 1992, il rate la distinction suprême seulement devancé par Stoichkov et un Van Basten intouchable. En 93, il ne doit sa 2e place qu’à la saison stratosphérique d’un certain Roberto Baggio, vainqueur à son tour de la C3. Finies les années "buteur’’ avec l’Ajax, Bergkamp devient distributeur de caviars et autres friandises sous les couleurs de l’Inter, mais surtout d’Arsenal, où les amoureux du jeu ont encore en mémoire ce but de martien contre Newcastle, avec grand pont effet rétro sur une touche et plat du pied droit. Mais sa plus belle réalisation – de ses propres dires – restera ce but avec les Pays-Bas contre l’Argentine en quart de finale du Mondial 1998, où il amusa Ayala d’un contrôle parfait puis conclut d’une frappe sous la barre de Roa, après une transversale de 50m de son capitaine Frank de Boer. Phobique de l’avion, qu’il ne prenait jamais ratant ainsi de nombreux matches à l’extérieur, il serait curieux de savoir quel aurait été la destinée de Dennis Bergkamp avec plus de matches au compteur…

11. Emilio Butragueño (ESP)

3e en 1986 et 1987. Emilio Butragueño n’a que 23 ans lorsqu’il se classe 3e au classement du Ballon d’Or en 1986. A l’époque, l’Espagnol est aussi le meilleur jeune joueur européen. Il faut dire que cet attaquant menu (1,74m), fait ses preuves depuis 2 ans avec le Real Madrid, dont il est le buteur en vogue. Au final, il sera champion d’Espagne 5 saisons de suite, entre 1986 et 1990, contribuant également à amener les Merengue au succès en Coupe de l’UEFA en 1985 et 1986. Seule manquera la Coupe aux grandes oreilles pour rendre plus incontournable Emilio Butragueño dans les esprits, comme l’un des plus grands attaquants européens de l’Histoire. Troisième également en 1987, ce pur Madridiste, né dans la capitale espagnole paye certainement son palmarès vierge avec la Roja (malgré un retentissant quadruplé en 8e de finale de Coupe du monde 86 face au Danemark), et le fait de n’avoir jamais mené le Real à un triomphe en C1, au moment d’expliquer pourquoi il n’a jamais pu remporter le Ballon d’Or. En tout, il passera 11 ans à la Maison Blanche, entre 1984 et 1995, et marquera la bagatelle de 123 buts en 341 matches.

Tidiany M'BO

RECHERCHE