Rétro 1954 : L'Allemagne crée la surprise
PHASE FINALE
Disputée en Suisse du 16 juin au 7 juillet 1954.
- La première en Europe, la Hongrie se met à jouer un football baroque, intuitif, renversant. Durant quatre ans, personne n’y résiste, même pas l’Angleterre, écrabouillée sur ses propres terres, à Wembley. Pour la Coupe du monde en Suisse, tout le monde croit donc en la victoire des Magyars. Dans la première phase du tournoi, elle bat l’Allemagne 8 à 3 mais elle se fait astiquer les chevilles et perd sur blessure son animateur et maître à jouer, Ferenc Puskas. On ne le retrouvera qu’en finale, à nouveau contre les Allemands, mais sérieusement diminué. Il marquera le premier but de la Hongrie qui mènera 2 à 0 avant de s’incliner 3 à 2, dans la gadoue du stade de Berne, devant une équipe allemande qui met au goût du jour la puissance athlétique dans le football.
- La France bat le Mexique mais elle perd contre la Yougoslavie. On va lui reprocher sa vie de château à Dully où elle prépare ses matches en jouant au golf et à la pétanque. Jacques Goddet, le directeur de L’Equipe prend sa plume pour lui en faire le reproche. « Décidément, écrit-il aussi, cette formation pratique le sport national du pousse-ballon. » Pourtant, dans la formation tricolore figurent les noms de J.-J. Marcel, Jonquet, Kopa, Glovacki, Vincent. On les trouvera géniaux quatre ans plus tard en Suède.
- Qui pourrait imaginer que les Brésiliens aient été un jour de féroces matraqueurs ? Cela s’est pourtant passé, à Berne, en quarts de finale contre la Hongrie. Nilton Santos et Bauer sont expulsés pour brutalités. Didi, le grand Didi, frappe un adversaire. D’autres joueurs brésiliens prennent en chasse le rapide Czibor en cours de match et dans le couloir menant aux vestiaires.
- René Vignal, « le gardien volant », « the french flying goal keeper », comme disent les Anglais, blessé avec son club, le Racing, ne participe pas à la Coupe du monde. Il a cédé sa place au Strasbourgeois Remetter. 17 fois international, le successeur de Julien Da Rui devient pendant le tournoi consultant pour le journal L’Equipe.
- Pour la première fois de son histoire, la Coupe du monde est retransmise à la télévision. Huit matches sont diffusés à travers l’Europe. Il y a foule dans les bistrots qui attirent les consommateurs. Peu de gens ont les moyens de se payer un poste.
- En revenant de Suisse, l’international nîmois Kader Firoud se blesse gravement dans un accident de la route. Il est obligé de mettre fin à sa carrière de joueur. Il en commence une autre, très brillante, celle d’entraîneur.
FINALE
4 juillet 1954 à Berne (Wankdorf)
RF ALLEMAGNE - HONGRIE : 3-2 (2-2)
60 000 spectateurs/Arbitre : M. Ling (Angleterre).
Buts : Puskas (6e), Czibor (8e) pour la Hongrie. Morlock (10e), Rahn (19e, 85e) pour la RF Allemagne.
RF ALLEMAGNE : Turek - Posipal, Liebrich, Kohlmeyer - Eckel, Mai - Rahn, Morlock, Ottmar Walter, Fritz Walter (Cap.), Schäfer. Entr. : Sepp Herberger.
HONGRIE : Grosics - Buszansky, Lorant, Lantos - Bozsik, Zakarias - Csibor, Kocsis, Hidegkuti, Puskas (Cap.), Toth J. Entr. : Gusztav Sebes.
Le film de la finale
0-1 (6e) Lancé par Bozsik, Kocsis s’infiltre dans les 18 mètres ; il est contré par Liebrich, et la balle est déviée vers Puskas en embuscade aux 6 mètres. Celui-ci n’a qu’à pousser la balle dans le but.
0-2 (8e) Bozsik lance Hidegkuti ; mais la balle trop longue est interceptée par Kohlmeyer qui la passe en retrait à Turek. Mais la passe est mal ajustée et Czibor récupère la balle relâchée par Turek et marque dans le but vide.
1-2 (10e) Fritz Walter sert Rahn sur la gauche . Ce dernier centre et Buszansky, à la réception, veut glisser la balle en arrière à Grosics ; mais Morlock se jette le pied en avant et précède la sortie du gardien.
2-2 (19e) Fritz Walter tire un corner de la gauche ; chargé par Schäfer, Grosics boxe la balle et Rahn, libre de tout marquage, la reprend de volée aux 6 mètres.
3-2 (85e) Schäfer bouscule Bozsik et prend la balle sur l’aile gauche ; il centre et la balle est repoussée aux 6 mètres par Lantos. Rahn la récupère, crochète deux hongrois et place un tir croisé qui donne la victoire à l’Allemagne.
Buteurs :
- Kocsis (Hongrie), 11 buts
- Probst (Autriche), Morlock (RFA), Hügi (Suisse), 6 buts
- Rahn, Schäfer, O. Walter (RFA), Hidegkuti, Puskas (Hongrie), Ballaman (Suisse), Borges (Uruguay), 4 buts
- Stojaspal, Wagner (Autriche), Anoul (Belgique), Lofthouse (Angleterre), F. Walter (RFA), Czibor (Hongrie), Burhan, Suat (Turquie), Hohberg, Miguez (Uruguay), 3 buts.
Meilleure attaque : Hongrie (27 buts)
BILAN
26 matches, 140 buts marqués, 6 penalties accordés (transformés), 3 expulsés.
La dream team : Grosics (Hongrie) – Santamaria (Uruguay), Varela (Uruguay), Andrade (Uruguay) – Bozsik (Hongrie), Liebrich (RFA) – Rahn (RFA), Kocsis (Hongrie), Hidegkuti (Hongrie), Fritz Walter (RFA), Czibor (Hongrie).
LE GROUPE (en gras les clubs des joueurs ayant disputé au moins un match)
Bauer Hans, défenseur, Bayern Munich.
Biesinger Ulrich, attaquant.
Eckel Horst, milieu, 22 ans, FC Kaiserslautern. 14/32 (1952-1958)
Erhard Herbert, défenseur.
Hermann Richard, attaquant, FSV Francfort.
Kohlmeyer Werner, défenseur, 30 ans, FC Kaiserslautern. 18/22 (1951-1955)
Klodt Bernhard, attaquant, Schalke 04.
Kubsch Heinz, gardien.
Kwiatkowski Heinrich, gardien, Borussia Dortmund.
Laband Fritz, défenseur, Hambourg SV.
Liebrich Werner, défenseur, 27 ans, FC Kaiserslautern. 07/16 (1951-1956)
Mai Karl, défenseur, 26 ans, Fürth. 08/21 (1953-1958)
Mebus Paul, défenseur, FC Cologne.
Metzner Karl-Heinz, attaquant.
Morlock Maximilian, milieu, 29 ans, FC Nuremberg. 18/26 (1950-1958)
Pfaff Alfred, milieu, Eintracht Francfort.
Posipal Josef, défenseur, 27 ans, Hambourg SV. 21/32 (1951-1956)
Rahn Helmut, attaquant, 25 ans, R. W. Essen. 14/40 (1951-1960)
Schäffer Hans, attaquant, 26 ans, FC Kaiserslautern. 11/39 (1952-1962)
Turek Anton, gardien, 35 ans, Fortuna Düsseldorf. 19/20 (1950-1954)
Walter Fritz, milieu, 33 ans, FC Kaiserslautern. 45/61 (1940-1958)
Walter Ottmar, attaquant, 30 ans, FC Kaiserslautern. 17/21 (1950-1956)
Herberger Josef, entraîneur.
LE PARCOURS DE LA FRANCE
PREMIER TOUR (Groupe 1)
16 juin 1954 à Lausanne
YOUGOSLAVIE - FRANCE : 1-0 (1-0)
16 000 spectateurs/Arbitre : M. Griffiths (Galles).
But : Milutinovic (14e) pour la Yougoslavie.
YOUGOSLAVIE : Beara - Stankovic, Horvat, Crnkovic, Cajkovski, Boskov, Milutinovic, Mitic, Vukas, Bobek, Zebec.
FRANCE : Remetter - Gianessi, Jonquet, Kaelbel, Penverne, Marcel, Kopa, Glovacki, Strappe, Dereuddre, Vincent.
19 juin 1954 à Genève
FRANCE - MEXIQUE : 3-2 (1-0)
19 000 spectateurs/Arbitre : M. Asensi (Espagne).
Buts : Vincent (19e), Cardenas (46e csc), Kopa (88e s.p.) pour la France. Naranjo (54e), Balcazar (85e).
FRANCE : Remetter - Gianessi, Kaelbel, Marche, Marcel, Mahjoub, Kopa, Dereuddre, Strappe, Ben Tifour, Vincent
MEXIQUE : Carbajal - Lopez, Avalos, Romo, Cardenas, Martinez, Torres, Naranjo, Lamadrid, Balcazar, Arellano
Classement : 1. Brésil 3 pts (+ 5) ; 2. Yougoslavie 3 pts (+ 1) ; 3. France 2 pts ; 4. Mexique 0 pt.
LES PLUS JEUNE, LES PLUS …
Le plus jeune Le plus âgé
Joueur Coskun (TUR) 19 ans 41 jours Matthews (ANG) 39 ans 141 jours
Gardien Sükrü (TUR) 20 ans 160 jours Máspoli (URU) 36 ans 246 jours
Buteur Milutinović (YOU) 21 ans 131 jours Varela (URU) 36 ans 279 jours
Champion Eckel (ALL) 22 ans 146 jours Turek (ALL) 35 ans 167 jours
Finaliste Eckel (ALL) 22 ans 146 jours Turek (ALL) 35 ans 167 jours
Médaillé Kollman AUT 22 ans 16 jours Turek (ALL) 35 ans 167 jours
Capitaine Turgay (TUR) 22 ans 33 jours Varela (URU) 36 ans 279 jours
Entraîneur Cejp (TCH) 30 ans 129 jours Sceisler (ITA) 60 ans 261 jours
Arbitre Zsolt (HON) 32 ans 364 jours Vianna (BRE) 51 ans 264 jours