Tactique : Ce qui compte, c’est l’animation offensive!
Quand, pendant la Coupe du monde 1998, on faisait remarquer à Aimé Jacquet que l’équipe de France n’avait pas un grand buteur de classe internationale pour la faire gagner, il avait sa réponse toute prête: « Ce qui compte, c’est l’animation offensive! »
Et les Bleus sont devenus champions du monde avec un avant-centre dont beaucoup ont oublié le nom (Stéphane Guivarc’h), mais grâce surtout à leur solidité défensive et à un mythique « dépositaire du jeu », Zinédine Zidane, qui était un milieu de terrain offensif, sachant projeter avec lui le jeu de son équipe vers l’avant. Preuve qu’en football, ce qui compte plus encore qu’une stratégie figée, c’est la capacité de l’entraîneur à la faire évoluer parfois en cours de match, en fonction de la résistance de l’opposition. La Ligue 1 nous l’a encore confirmé ce week-end. Au Parc des Princes, le PSG a d’abord buté sur une défense de Nancy basse, très regroupée. À la mi-temps, Unai Emery a changé son dispositif : remplaçant Krychowiak par Matuidi, il est passé d’un 4-3-3 stérile à un 4-2-3-1 au fond assez proche, mais qui a permis au PSG de se créer plus d’occasions et, au final, de l’emporter, même s’il lui a également fallu un coup de pouce de l’arbitre, sifflant un penalty litigieux en sa faveur. À Dijon, Nice n’y arrivait pas face au 4-4-2 de Bourguignons très regroupés pour stopper l’hémorragie de buts encaissés (7 en deux matchs). Après une heure de jeu, comme si le visionnage du PSG - Nancy de la fin d’après-midi l’avait inspiré, Lucien Favre a alors troqué son 4-3-3 contre un 4-2-3-1 destiné à donner plus de tranchant à son équipe sur les côtés. Tout en redistribuant les cartes : Valentin Eysseric est passé du couloir droit au gauche, Younès Belhanda, jusqu’alors sur la gauche, s’est installé dans l’axe et Wylan Cyprien a abandonné son rôle de sentinelle pour se positionner sur le flanc droit. Et moins de dix minutes plus tard, Nice a inscrit le but qui lui permet de croire encore en un bel avenir européen. À Caen, Stéphane Moulin a fait mieux que ses illustres collègues parisien et niçois : alors que, la veille, pour le dernier entraînement, il avait fait travailler le SCO Angers dans son traditionnel 4-3-3, il a changé de système… au moment du coup d’envoi ! En fait, la nuit portant conseil, l’inspiration lui est quasiment venue pendant son sommeil. Un des joueurs angevins, Santamaria, ayant été fiévreux pendant la nuit, Moulin a décidé de changer d’organisation peu avant le match. Et le SCO s’est aligné dans un 3-5-2 ressemblant à s’y méprendre à celui de Caen ! « On a découvert ça au coup d’envoi », avouait Patrice Garande après le match. Effet de surprise garanti : Angers a rapidement mené 1-0, puis 3-1 juste après la mi-temps, avant de résister au retour des Caennais. On pourrait multiplier les exemples. Ceux-ci confirment que en tous cas dans un football où la différence se fait souvent sur des petits détails, les entraîneurs seront à l’avenir encore plus déterminants par leur lecture du jeu et leur capacité à improviser et à imaginer.