Les années Labrune : entre projet «Dortmund» et chaos
Depuis plus d’un an, les supporters marseillais réclamaient un «Labrunexit». Ce sera chose faite dans quelques jours. L’occasion de faire le bilan des cinq années passées par l’Orléanais à la tête du club. Entre fiascos sportifs et rigueur financière.
Pour résumer les années Labrune, deux photographies suffisent. L’une a été prise en 2011 lorsqu’il s’est emparé des commandes de l’Olympique de Marseille. L’autre date de vendredi dernier au début du match amical remporté par les Phocéens face à Nîmes (1-0). Ces deux photographies, ce sont deux compositions d’équipes. Sur la première, on voit Lucho Gonzalez, André Ayew, Loïc Rémy titulaire en attaque ou encore Gignac en remplaçant. Sur la seconde, Pelé dans les cages, Tuiloma au milieu et… Rabillard en pointe. Une descente aux enfers. Il existe cependant un fait impossible à nier. Rien n’aura été simple pour Vincent Labrune. Il est arrivé au club en 2011, un an après le titre glané par la paire Deschamps-Dassier en championnat. Suffisant pour qu’une certaine pression s’installe. Pourtant, sa première année passée à la tête de l’OM n’aura pas été la plus catastrophique. En partie grâce à la Coupe de la Ligue remportée face Lyon (1-0, a.p), mais aussi à Margarita Louis-Dreyfus. La veuve de «RLD» avait injecté 20 millions dans le club en début de saison puis davantage au terme de l’exercice pour compenser la non-qualification en Ligue des Champions. Malgré une 10e place en championnat, un «accident industriel» d’après les mots du président, un trophée avait été remporté. Le seul et unique de l’ère Labrune.
Du départ de Deschamps à l’échec du projet «Dortmund»
Si la saison 2011-2012 était une année de transition, la suivante a eu tendance à rimer avec retour en force. Elle n’avait pourtant pas démarré de la meilleure des manières avec la résiliation du contrat de Didier Deschamps, symbole du renouveau marseillais (6 trophées en 3 saisons). Sans oublier les départs de Rémy, Mbia, Azpilicueta ou encore Alou Diarra. Déjà, la rigueur financière si chère à Vincent Labrune commençait à faire des ravages au sein de l’effectif. Mais un départ canon en championnat (6 victoires lors des 6 premières journées) et un Mathieu Valbuena en feu (meilleur passeur de Ligue 1 avec 12 offrandes) ont permis de sauver les meubles. L’OM retrouvait la Ligue des Champions grâce à sa 2e place. Et, malgré des premières frictions avec les supporters et quelques journalistes, Vincent Labrune retrouvait le sourire. Cette qualification pour la reine des compétitions européennes lui a redonné confiance. Et de l’ambition. En témoigne son projet «Dortmund», symbolisé par les arrivées successives de Mendy, Imbula, Lemina et Thauvin, tous annoncés comme des futurs cracks. Ajoutez à cela un Dimitri Payet et vous obtenez… une 6e place à la trêve, conjuguée à une élimination de toutes les compétitions internationales et un licenciement d’Elie Baup. Difficile à encaisser pour l’Orléanais. Sans oublier que ce mercato enflammé a laissé des traces dans les comptes de l’OM. Et la 6e place en championnat au terme de la saison, synonyme de non-qualification pour la Ligue des Champions, n’a pas arrangé les choses.
Un espoir nommé Bielsa, un échec nommé Michel
Une nouvelle fois, le club était en déficit et «MLD» obligée de réinjecter de l’argent. Pas de quoi affoler le rusé Vincent Labrune. À la surprise générale, il est allé chercher Marcelo Bielsa. Grand tacticien passé par la sélection argentine, chilienne ou encore Bilbao. Les objectifs du président étaient annoncés. À savoir, «une révolution culturelle» et le retour du football champagne au Vélodrome. Tout ça, grâce à son nouvel entraîneur. Pourtant, le courant n’est jamais passé entre les deux hommes. Et ce dès les premiers jours. «Le bilan de ce mercato est négatif, tranchait Bielsa début septembre 2014. Je crois que le président m’a fait des promesses qu’il savait qu’il ne tiendrait pas». Une onde de choc à la Commanderie. Pourtant, une certaine liberté avait été accordée au «Loco». Il lui a été permis d’intégrer les jeunes (6 contrats pros signés sous Bielsa) et de faire ce qu’il voulait avec les recrues made in Labrune comme Doria. Mais l’OM a échoué au pied du podium (4e). Et Bielsa s’en est allé dans une atmosphère nauséabonde à laquelle l’homme fort de «MLD» n’était pas étranger. Un départ impardonnable pour les supporters marseillais. Tout comme ceux de Payet, Gignac ou Ayew. Ils étaient littéralement tombés amoureux du «Loco» et de ses hommes. Chose qu’ils n’ont pas manqué de rappeler à Labrune durant toute la saison suivante.
Une fin à l'image de son règne
Une saison catastrophique, terminée dans le ventre mou du classement (13e). Du jamais vu. Depuis quinze ans, les Phocéens n’avaient pas fait pire que la 10e place (15e en 2000-2001). Mais là n’est pas le plus important. Cette saison, ils n’ont remporté que trois matchs au Stade Vélodrome. Et le jeu proposé par Michel, remplaçant de Bielsa choisi par Labrune, était à des années lumières de celui offert par son prédécesseur. Petit à petit, les tribunes du Vélodrome se sont vidées et les chants hostiles à la direction se sont multipliés. C’est uniquement à ce moment que l’idée d’un départ du président et de la vente du club s’est précisée. Conscient qu’il vivait ses derniers jours à la tête de l’OM, l’Orléanais s’est engagé à faire ce qu’il sait faire de mieux en vendant Batshuayi, Mandanda ou encore Mendy. Le départ d’Nkdoudou vers Tottenham devrait également être officialisé dans les prochains jours. Suffisant pour renflouer les caisses du club et présenter un bilan positif à la DNCG et aux potentiels repreneurs. Sans oublier un accord «historique» avec les supporters concernant les abonnements en virages. Une fin à l’image de son règne. À toujours penser à l’immédiat sans jamais se projeter sur le long terme, il a fini par échouer et laisse l’Olympique de Marseille dans un piteux état.