Pep Guardiola, échec ou réussite au Bayern ?
Ça y est, Pep Guardiola quitte le Bayern après une dernier trophée remporté ce week end contre Dortmund en finale de la Coupe d’Allemagne (0-0, 4-3 tab). Une 7ème compétition gagnée avec le club allemand qui n’occulte pas les multiples déceptions en Ligue des Champions. Alors, quel bilan pour Guardiola ?
« Guardiola sera oublié ». Par cette incisive affirmation prononcée au lendemain de l’élimination du Bayern par l’Atlético en demie de C1, Ivica Olic avait annoncé la couleur. L’ancien joueur du Bayern est catégorique, l’entraineur catalan ne laissera aucun souvenir en Bavière, notamment parce que « se faire sortir trois années de suite en demi-finales de la Ligue des Champions, vu les attentes élevées du Bayern, c’est un échec ». Maintenant que Guardiola a dirigé son dernier match sur le banc du club bavarois ce week end, l’heure est au bilan. Alors, échec ou pas ?
Des résultats en deçà des attentes
Mais déjà, comment définir l’échec pour un club du standing du Bayern Munich ? Pour les mastodontes d’Europe dont le club allemand fait partie avec le Real et le Barça, il se situe dans l’incapacité à gagner des titres, particulièrement la Ligue des Champions. Certes, Guardiola a empilé les succès sur le plan national pour un bilan de 7 trophées (dont 3 Bundesliga consécutives). Mais là où il était le plus attendu, c’est-à-dire en Europe, il a échoué. Ce, 3 années de suite. Au vu de la dynamique et l’effectif laissés par son prédécesseur Jupp Heynckes (triplé C1-championnat-Coupe en 2013), le coach catalan avait toutes les cartes en mains pour ramener au moins une coupe aux grandes oreilles du côté de Munich. Certains peuvent lui trouver des circonstances atténuantes comme le fait qu’il n’a jamais pu disposer à temps plein du duo Robben-Ribery de l’époque Heynckes. Ou encore qu’il n’a pas eu de chance de voir Messi sortir deux coups de génie l’année dernière en demi-finale aller (0-3 à Barcelone). Mais ce n’est pas suffisant. Mourinho s’était cassé les dents trois de suite au même stade de la compétition avec le Real entre 2011 et 2013. Dans la foulée, Ancelotti avait ramené la Décima à Madrid…
Un autre point vient ternir son bilan, à savoir le style de jeu de possession (extrême ?) pratiqué par le Bayern pendant ses 3 ans. Une philosophie qui laissait peu de place à la spontanéité et la verticalité chère au Bayern de Heynckes. Le point d’orgue étant certainement la déroute subie contre le Real en demie de C1 il y a 2 ans (0-1 et 0-4 à domicile !). Le soir même, c’est plus le style pratiqué que le score en lui-même qui avaient été pointés du doigt par les suiveurs du club. Mais paradoxalement, là où son style de jeu a soulevé bon nombre de critiques, il a aussi eu ses sympathisants, dont ses joueurs en premier lieu. Un aspect qui rehausse le bilan de Guardiola qui ne doit pas seulement être jugé sur le côté sportif.
Guardiola laissera une trace
Dans les grands clubs, si le sportif a son importance au moment de décerner le bulletin de notes, le style pratiqué par l’équipe vaut aussi son pesant d’or. Et malgré les nombreuses critiques, certains sont montés au créneau pour défendre l’ancien joueur de Barcelone. Xabi Alonso en fait partie, « Il est très exigeant avec lui-même et avec ses joueurs, mais une fois que vous avez compris son style, cela devient la façon dont vous aimez jouer ». Il poursuit même, « durant le temps qu’il a passé ici, il a construit quelque chose, un style de jeu. Je pense que la plupart des joueurs ont beaucoup appris et progressé. » De la part d’un joueur peut être frustré par les 3 échecs en C1, ces propos élogieux à l’encontre de son coach ont une valeur particulière. D’autant plus que ce qu’Alonso explique était visible dans les grandes largeurs sur le terrain, notamment avec des joueurs comme Lahm et Alaba. Ottmar Hitzfeld, ancien vainqueur de la Ligue des Champions en tant qu’entraineur avec le club bavarois en 2001 est sur la même lignée que le milieu espagnol. « Il a donné au Bayern une qualité de transmission jamais vue auparavant. Il leur a fait jouer un football très rapide ». De la part de celui qui a la gâchette facile envers son ancien club, ça vaut presque de l’or.