Neuer, la révolution du poste
Après avoir étonné l’Europe, les sorties de Manuel Neuer ont surpris le monde. Avec le Bayern Munich comme avec la Nationalmannschaft, le gardien allemand poursuit la mutation du second poste le plus important du football.
Certains marquent le football, d’autres le métamorphosent. De Beckenbauer à Sacchi en passant par Cruijff, tous ont contribué à entretenir l'attractivité du plus populaire des sports. A 28 ans, Manuel Neuer va rejoindre ces joueurs qui marquent. Pour les tutoyer, il a choisi l'un des terrains de jeu les plus appréciés de l'histoire. Loin de ses prouesses européennes, le portier allemand étale ses talents sur les pelouses du Mondial brésilien. Là où quelques gardiens ont profité de l'éphémère parcours de leurs sélections pour se faire remarquer. Mais au dessus de Guillermo Ochoa, Claudio Bravo, Tim Howard ou Keylor Navas, le dernier rempart de la Mannschaft se démarque. Parce que ses bras n'ont pas seulement écoeuré l'équipe de France. Parce que ses membres supérieurs sont les plus faibles (ou plutôt les moins fortes) de ses armes. Surtout parce que garder sa cage inviolée n'est pas son unique but. Avant d’être le dernier rempart, l’Allemand veut être le premier joueur de champ.
Le visionnaire accélère
Evoluer sous les ordres de Joachim Low et Pep Guardiola pourrait faciliter sa quête d’exception. Mais l’erreur serait de légitimer ses performances actuelles par l’arrivée du philosophe espagnol sur le banc du Bayern Munich l’été dernier. "Schnapper" («La perche», en allemand) base ses prestations sur ses convictions. Le football est devenu bien trop rapide pour que le gardien de but se limite à défendre sa cage. Sa force pour écarter le danger, c’est de se muer en «un défenseur de plus», comme le rappelle son sélectionneur. Hormis face à la France, Joachim Low a régulièrement choisi d’aligner 4 défenseurs centraux de formation, altérant encore la vitesse d’une arrière-garde déjà excessivement lente. Sans conséquence, puisque le natif de Gelsenkirchen veille. En délaissant sa zone pour couvrir sa défense et par la précision de son jeu au pied, Manuel Neuer déplace aisément le danger d’un bout à l’autre du terrain, se muant en premier relanceur de l’équipe. Preuve que pour marquer l’histoire, il faut faire bien plus que son devoir.