Thiago Silva, ''o Monstro''

15/07/2012 à 20:00

La seconde tentative aura été la bonne. Malgré le refus de Silvio Berlusconi en juin, Thiago Silva portera bien le maillot du Paris Saint-Germain la saison prochaine. Considéré comme l'un des meilleurs défenseurs du monde, le Brésilien est pourtant passé par des chemins de traverses avant de conquérir Milan. Portrait.

Thiago Silva, ''o Monstro''

Onze mois. Le transfert record et faramineux de Javier Pastore aura donc tenu à peine onze mois avant de tomber. Le PSG à perfusion qatarie cavale dans l’avenir en frappant toujours plus fort, et en considérant le pedigree de ses prises gargantuesques, on peut déjà se demander jusqu’où finira-t-il par s’arrêter. Existe-il réellement et décemment une limite quand après seulement une année de reconstruction, le club parisien vient happer dans ses filets de volière Thiago Silva, le colossal pilier du Milan, en pleine force de l’âge (27 ans) et dit meilleur défenseur central de la planète ? Les chiffres affolent les fiscalistes : neuf millions d’euros de salaire pour près de 45 millions d’euros de transfert, hors bonus, qui pourraient faire du capitaine de la Seleção le défenseur le plus cher de l’histoire, devant Rio Ferdinand. Il devient par la même le joueur le mieux payé de tous les temps du Championnat de France, mais là encore, le plafond n’est jamais assez élevé pour le PSG, qui s’apprête à effacer ce nouveau vertige en offrant à Zlatan Ibrahimovic des honoraires démentiels. Le coût pour basculer dans un monde inaccessible, beaucoup, et le prix pour rêver enfin, surtout.

Ice Cube

La reconnaissance de ses pairs, la pluie d’éloges et la dimension médiatique, Thiago Silva a pourtant mis du temps pour rattraper toutes ses attentions, tant il aura traversé de galères pour retrouver la lumière de ses débuts. Les premiers exploits dans la modeste équipe du RS Futebol, et déjà, à 19 ans, une saison explosive à la Juventude qui laissait entrevoir un potentiel certain. Maître absolu du marché sud-américain, Porto ne laisse pas passer son tour pour la nouvelle merveille auriverde, et la suite semble écrite : deux ans au Portugal pour finir au Real ou au Barça, levant la C1 devant foule d’admirateurs. Mais un cauchemar lui réservera un autre destin : trop jeune, pas assez mûr, le Carioca perd ses moyens et invoque le climat pour justifier ses absences au club portugais, où il ne jouera une seule rencontre. Prêté étonnamment au Dynamo Moscou et ses températures pour les banquises, le Brésilien gèle et frôle la mort. Cloué sur un lit d’hôpital à cause de la tuberculose, déprimé et enlisé dans une situation dramatique, Thiago Silva finira par rentrer chez lui, à Rio, retrouver son club du Fluminense. Advient alors l’aube d’une renaissance. Retrouvant la forme et la chaleur locale, ses qualités affolent les suiveurs du Brasileirão durant deux saisons. Rebaptisé "Monstro" pour son physique de taureau, sa technique de balle gracieuse et sa vitesse supersonique, l’Europe tape à nouveau à la porte.

Travail au corps

S’il hésite à repartir, un certain Leonardo réussira à le convaincre de filer au Milan. Et après un an à observer Maldini, Thiago Silva écrase toute concurrence, devenant la référence moderne du poste : des relances de milieu créateur, infranchissable en un contre un et expert de l’anticipation, il bouleverse le temple de San Siro, qui en fera son idole. Capitaine du Brésil, il affirmait vouloir marcher dans les pas de Baresi chez les Rossoneri. Mais les difficultés financières du club lombard ont dû modifier ses plans, et l’on imagine qu’il lui faudra du temps pour digérer sa vente, la dimension du Milan n’ayant rien à voir avec celle – nouvelle – du PSG, qui verra bientôt affluer l’ombre de la crise de croissance – un mot qu’il avale à la vitesse de l’éclair. Là encore et comme souvent, Leonardo aura été l’élément capital du dossier, travaillant à retourner le cerveau de Thiago Silva un mois durant, et lui chantant le fameux “projet“ parisien auquel il aura donc fini par succomber. Le nouveau Paris désirait par dessus tout s’attirer une star mondiale, et son succès lui ouvre désormais les portes de toutes les autres. Celle-là, au hasard : « Quand je le vois jouer, je me rends compte que c’est le défenseur le plus complet du monde. J’ai évolué aux côtés de joueurs comme Puyol, Piqué, Thuram et Cannavaro. Et si on me le demande, je dirai que Thiago Silva évolue à un autre niveau. » Signé Zlatan Ibrahimovic.

Alexandre COUPPEY

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