Les 11 Bad Boys de l'Histoire

03/09/2012 à 11:34

Qui ne s’est jamais laissé aller à classer des joueurs, des équipes ou des matches avec des critères plus ou moins subjectifs ? C’est ce que fait régulièrement la rédaction de Foot123.fr dans la rubrique « les 11… ». Place aux "Bad Boys" de l'Histoire du football, qui sont à l'honneur aujourd'hui.

Les 11 Bad Boys de l'Histoire

1. Georges Best (IRL)

« En 1969, j’ai arrêté les femmes et l’alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie. » Lui, c’est l’idole de l’Angleterre des sixties, le “cinquième Beatle“ et l’une des ganaches les plus emblématiques du sport britannique : Georges Best, le Saint des Saints. Attaquant de légende, dribbleur magique, “Class Hero“ des Red Devils et roi de la passe : « Je n’ai pas couché avec sept miss monde. Seulement quatre. Les trois autres, je ne suis jamais allé au rendez-vous. » Ballon d’Or, joueur irlandais du siècle, son style de vie débraillé et flamboyant formait le reste de sa légende – comme il altérait ses performances : « Si j'avais été moche, vous n'auriez jamais entendu parler de Pelé. » Ruiné, alcoolique arrivant saoul sur le terrain, ses citations l’ont érigé au rang de mythe : « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer… » Décédé en 2005, ses obsèques donnèrent lieu à un rassemblement de plus de 300.000 personnes à Belfast. On y trouve sur son cercueil : « Maradona good, Pelé better, George best. »

2. Eric Cantona (FRA)

Il y a foule de drapeaux français qui flottent. Une musique à la Rocky, et des masques du “King“ blindant Old Trafford en féria tricolore. « Cantona revient dans une flambée de gloire » titrera le Guardian, le lendemain du D-Day, 248 jours après ce mawa-shigari contre un fan de Crystal Palace. L’histoire raconte que sa mère, alarmée, passera des heures au téléphone pour prévenir d’un coup de sang éventuel d’“Eric le Rouge“ contre le juge d’instruction chargé de son procès. Un épisode illustré sur “Canto“, qui a toujours joué de son image pour s’imposer. Ses frasques, son caractère indocile et son imprévisibilité poursuivront tout du long une carrière de légende. Elu meilleur joueur de tous les temps de United et de la Premier League, l’équipe de France restera son revers, autant avec Henri Michel – qu’il traita de « sac à merde » - qu’avec Aimé Jacquet, qui l’écarta en 1996. Attaquant poète, artiste revendiqué, son but contre Sunderland – col relevé, buste haut et regard défiant– accroîtra sa personnalité de mystère. Qu’il aimait tant cultiver : « Quand les mouettes suivent le chalutier, c'est qu'elles pensent que des sardines seront jetées à la mer. »

3. Zlatan Ibrahimovic (SUE)

Un matin à Amsterdam, il avait envoyé ça, dans un vestiaire bondé de types chevronnés : « Moi je suis Zlatan, et vous, vous êtes qui putain ? » Son nom – ou son prénom – s’escortent de murmures et de fantasmes. Epouvantail technique, colosse élastique, l’égotique suédois est le joueur le plus cher de l’histoire, transféré cinq fois pour plus de 20 millions d’euros. Neuf fois champion national, sa maîtrise du trashtalk est tout aussi historique. Aux journalistes - sa griffure au visage ? « Demande à ta femme ». Son homosexualité ? « Amène ta sœur et on verra » - à la police : « Une fois, j’ai conduit à 325km/h avec les flics au cul et je les ai lâchés » - et aux adversaires martyrs qu’il dit écraser : « J’aime humilier. » Magneto qui sème la peur jusque dans ses propres vestiaires, modèle unique de puissance et d’arrogance, il reste l’attaquant bad guy le plus dominant de tous les temps. Une dernière d’Ibracadabra, sa meilleure : « Je suis le nord, je suis le sud, je suis l’est et je suis l’ouest. Je suis Zlatan Ibrahimovic. »

4. Paul Gascoigne (ANG)

« Désormais, quand je me lève, chaque matin, je me souviens de ce que j’ai fait la veille au soir. C’est déjà ça, non ? » Paul Gascoigne, bajoues d’alcoolo et symbole du talent gâché. Virtuose des suburbs de Newcastle, “Gazza“ mis plus d’une fois la Perfide Albion à son pied gauche de fée. Milieu perforateur d’exception, sa popularité décolla en demi-finale du Mondial 90, vidant ses larmes sur le pré après un carton jaune qui l’aurait privé d’une éventuelle finale. Finalement éliminée, l’Angleterre en fera son étendard, sans jamais en voir les couleurs. Les deux titres de champion d’Ecosse de Gascoigne – ses plus grands faits de gloire – ressemblent à une tragédie initiée à dix ans par des troubles obsessionnels compulsifs. Du vol de bonbons dans les supermarchés aux, plus tard, lambadas endiablés à enchaîner les bouteilles à la dizaine, ses incartades resteront dans les mémoires, comme ses buts fantastiques marqués le souffle coupé. « Paul, nous on est dingues, mais putain, tu l’es plus que tout le groupe réuni » dira un jour le guitariste d’Iron Maiden. Alcool et génie : éternelles poignées d’amour.

5. Giorgio Chinaglia (ITA)

« J’étais en voiture avec mon père et je me dirigeais vers Fuorigrotta. A ce moment-là, des supporters du Napoli m’ont encerclé. Je suis sorti de la bagnole avec mon fusil Winchester, et j’ai tiré deux coups en l’air. Tout le monde a détalé. Je suis remonté dans la caisse, et on est parti. » Flingues, mafia, célébrité : Chinaglia a étrenné son physique de bison au Pays de Galles avant de régner sur la Botte. Attaquant d’une puissance folle, leader et gangster, le Toscan offrira le scudetto à la Lazio, en 74, avant d'insulter, deux mois plus tard, son sélectionneur devant les caméras du monde entier au Mondial de la même année. Alors la canaille abandonnera l’Italie. Le début du rêve américain pour “Long John“, l’homme qui défia le roi Pelé en personne, aux New York Cosmos : « Je suis Chinaglia. Je tire d'où je veux car Chinaglia peut marquer de partout. » Meilleur buteur de l’histoire de la North American Soccer League (242 buts en 254 matches), il finira ses jours traqué par la justice italienne, lui reprochant ses liens avec la Camorra.

6. Stefan Effenberg (ALL)

On dit de lui que le sourire n’est pas en option. Battant titanesque, gueule de fauve et soif de vaincre, Effenberg représente dans l’idéal collectif le joueur allemand du 20e siècle. Vigile de 88 kilos, son tempérament volcanique savait faire basculer une rencontre à la perfection. « Il mène l'équipe. Il oriente beaucoup le jeu. Il va vers ses coéquipiers et leur donne beaucoup de confiance » clamait Ottmar Hitzfeld, qui aura su relancer “der Cheffe“. Contrarié par une prestation sans relief contre la Corée du Sud, en pleine Coupe du monde 94, il adressera un doigt d’honneur au public qui le siffle, mettant fin à une carrière internationale à laquelle il n’aura jamais voulu renouer de lien fort. Recruté par le Bayern en 98, l’enfant terrible deviendra l’âme munichoise durant quatre années glorieuses, réduisant la concurrence en poussières. Sa liaison avec la femme de son co-équiper, Thomas Strunz, servira son image de personnage controversé, adulé pour son intelligence supérieure.

7. Gennaro Gattuso (ITA)

« Pour moi, un match de foot idéal, ça se joue un soir d'hiver, sous la pluie, dans le froid. Quel plaisir de voir la fumée qui se dégage des corps à la moindre respiration. » Si le football est une lutte, Gattuso en incarne l'oriflamme. Le bouillant “rhinocéros“ – son pseudo aux Rangers - a dû s’exiler pour s’inventer. Un passage d’une saison à Glasgow et ses tacles abreuvant la Scottish League, marquera une suite qu’il a su rendre dorée. Développant son instinct de gladiateur chez les grenats de Salernitana, Milan fond pour ce bloqueur de balle qui hurle, et l’union avec les Rossoneri durera 13 ans de plaisir. Râleur, agressif, violent même – son coup de tête planté sur Joe Jordan fera le bonheur de YouTube – “Ringhio“ se signalera par un abatage sans mesure au milieu d’une constellation de stars. Dur au cœur fragile, il fera ses adieux à San Siro en larmes, devant la Curva Sud surexcitée. Aurait pu partir à la guerre armée d’une cuiller en plastique.

8. Alan Smith (ANG)

Sorti tout droit du mode sans échec sous Windows. Alan Smith, le diable au corps, aura tracé les terrains d’Angleterre de toute sa folie environnante. Sale gosse du Yorkshire de l’Ouest, l’attaquant peroxydée deviendra le protégé de l’Ellan Road – demeure de l’équipe des Peacocks de Leeds, d’où il est originaire. Virées nocturnes, empoignades à la batte de base-ball, agressions racistes, “Smudge“ remplira surtout le cœur des fans, qui l’éliront deux ans de suite meilleur joueur de l’équipe. Mais l’ile ne badine pas avec les traitres : après avoir résisté jusqu’au dernier souffle, Smith finira par rejoindre Manchester United, l’ennemi de “Ghost Town“. Arrogant et fou, réorienté au milieu par Ferguson, il amassera les cartons, devenant le joueur le plus détesté d’Angleterre, où il joue encore aujourd’hui, à Milton Keyne Dons (League One). Victime d’une frappe de Riise qui réduisit sa cheville en bouillie, en 2006, il se vit transféré en urgence à l'hôpital, dans une ambulance. Elle fut attaquée à coup de bouteilles par des hooligans…

9. Nicolas Anelka (FRA)

Incompris. Généralement, c’est toujours le mot qui ressort. Il restera beaucoup d’énigme, au final, sur la carrière en montagnes russes de Nicolas Anelka – qui est aussi belle qu’elle restera inachevée. Profil parfait de l’attaquant moderne : vitesse supersonique, pieds en or et appuis de danseuse étoile, ce timide maladif aura multiplié les clubs en gâchant systématiquement les épilogues. Celui que tous les observateurs assuraient « meilleur que Thierry Henry » durera surtout dans le temps comme la plus grande cicatrice des Bleus. Quelques coups d’éclat, beaucoup de vaisselle cassée pour trois Coupe du monde manquées, avant celle de 2010. Le but en barrages contre l’Irlande doit le relancer, mais son dézonage gêne. Alors, plongé dans la paranoïa, il se braquera sans retour. Son insulte envers Domenech lui attirera les flammes de la presse et du public, et le solitaire quittera la partie à tout jamais : capuche sur la tête et lunettes noires, comme un seigneur Sith de Star Wars. Reparti dans un monde qui semble n’appartenir qu’à lui et qu’il raconte : « seul, dans une grande maison, avec ma famille. »

10. Tony Adams (ANG)

Quelque part au Nord de Londres, on aime raconter que le nez de Tony Adams fut plus rouge que son maillot. Pour un joueur d’Arsenal, cela ressemble à une prouesse. Taulier emblématique du club, défenseur coriace, quadruple champion d’Angleterre et “Hall of Famer“ de la pinte, l’ex-leader des Three Lions combattra l’alcool toute une carrière jalonnée d’embrouilles. Accident de bagnole, prison, rixes en lieu public, chute dans l’escalier, sa dépendance pour la gnôle fera l’objet de repentance, une fois guéri par l’hygiène de vie imposée par Arsène Wenger. « Aujourd'hui, je ne suis pas seulement le footballeur Tony Adams. Je suis Tony Adams l'être humain » lancera-t-il après sa cure de désintox. Devenu symbole de la lutte contre l’alcoolisme, fondateur d’une association, son autobiographie (“Addicted“) bouleversera les Britanniques. Figure absolue des Gunners, sa statue de bronze trône devant l’Emirates.

11. Paulo Di Canio (ITA)

« Je suis un fasciste, pas un raciste. » L’histoire de la “petite peste“ des Di Canio s’entame à l’école buissonnière. Forgé dans la rue, à Quarticciolo – fraction du banditisme romain – le gamin se complaît dans la controverse. Ses frères supportent la Roma ? Il sera pour la Lazio, où sa tête de lard remplira les kop de l’Olimpico, 15 ans plus tard. Teigneux, surdoué, faux numéro 10, il deviendra surtout l’idole de l’équipe de son cœur en célébrant ses buts d’un bras tendu mussolinien. Celui où “DVX“ – qui signifie Duce en latin – y est gravé au henné. « Fou total » selon Atkinson, on connaît à “Paoletto“ des accrochages avec Trapattoni, Moggi ou Capello. Mais son talent fera chavirer l’Angleterre – sa seconde vie - où il sera sacré meilleur joueur avec West Ham, en 2000. « On peut se massacrer sur le terrain pendant quatre-vingt-dix minutes, après le match, on va tous boire une bière ensemble » dira le rétif, de son nouveau royaume où il est depuis devenu coach à Swindon Town. Avant-goût d’un destin forcément laziale.

Alexandre COUPPEY

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