30 jours en France: Toujours plus loin

26/06/2016 à 11:51

Dans un match à élimination directe, la pression passe avant la passion et l'enjeu devant le jeu. Français et Irlandais peuvent-ils procéder autrement? On demande à voir.

30 jours en France: Toujours plus loin

Trois matches, deux prolongations, un but contre son camp, six raisons de faire la moue après un samedi de huitièmes de finale triste comme une bière sans alcool au stade. Il y a eu du soleil et des supporters heureux tant mieux. Des joueurs en pleurs et d’autres hilaires, tant mieux. Ce sont bien les seules maigres satisfactions à ressortir de ces 330 minutes de jeu avec la fin du récital des chœurs Nord-Irlandais. Prochaines représentations au festival Interceltique de Lorient en août ou dans une tribune de Belfast en septembre. Avis aux amateurs. Le football n’est pas que musiques et paroles, c’est sur. Le premier tour de cet Euro était déjà le moins prolifique en buts depuis 20 ans avec une moyenne de 1,91 par match. Avec 2 buts en 3 matches hier, les symptômes persistent. Et en assistant à Galles-Irlande du Nord et Portugal-Croatie, on n’était pas loin non plus de choper en bonus une petite migraine. Il revient à la France et la République d’Irlande de changer l’air tout à l’heure. Il fait beau à Lyon, les supporters irlandais sont en forme dans les tramways entre la gare de Lyon Part-Dieu et le Parc olympique lyonnais, et la pelouse sera verte. Du bonheur. Grosse pression sur les Bleus. Ils sortent en tête et invaincus de leur groupe mais sans avoir chassé le doute qui accompagne leurs performances. Dans leur poule, 9 buts seulement ont été marqués en 6 matches même si la France a assuré sa part de travail avec 4 réalisations. Peu? Sans doute. C’est moins que la Croatie(5), le Pays de Galles (6) ou la surprenante Hongrie (6) qui aimerait bien afficher la même efficacité devant la Belgique tout à l’heure. Bilan : la Croatie éliminée sans marquer, le Pays de Galles qualifié grâce à un but Nord-Irlandais contre son camp. Bienvenue dans le grand huit qui mêle pression et frissons. Ce premier match au sortir d’une phase de poule est, paradoxalement, un exercice où la France réussit. Souvent sans briller mais à la fin on ne retient que le vainqueur. Rappelons-nous la purge France – Pays-Bas à Liverpool pendant l’Euro 1996. Une insulte au jeu pour les habitués d’Anfield Road. Mais après l’insipide 0-0 ponctuant 120 minutes d’ennui, la qualification pour les demies grâce à la série des tirs au but a permis à Aimé Jacquet et sa troupe d’aller un étage plus haut et de bonifier son Euro. On n’a retenu que le résultat. Didier Deschamps était sur le terrain ce jour-là, comme il le fut aussi deux ans plus tard dans un irrespirable 8e de finale de la Coupe du monde contre le «terrible» Paraguay à Lens. Là encore, du foot à l’envers, des sifflets de Bollaert et finalement un succès (1-0) grâce à Laurent Blanc en prolongation avec son but en or. La seule chose qui a eu un peu de valeur cet après-midi-là. Il serait étonnant que Deschamps sélectionneur n’ait pas convoqué l’histoire pour la rappeler à ses ouailles pendant leur long huis clos de 7 jours entamé à Clairefontaine et prolongé ici à Lyon. Si ses Bleus «écrasent» l’Irlande 1-0 sur un but contre son camp d’un défenseur adverse à la 117e minute, il sera ravi. Et même les supporters irlandais vaincus devraient continuer de chanter. Tous contents.

Etienne Bonamy

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