30 jours en France : Seul le résultat compte…

11/07/2016 à 11:01

Un Portugal sans jeu est devenu champion d’Europe au terme d’une compétition sans jeu. Logique. Les Bleus n’auront pas tout perdu. La suite nous dira s’ils ont beaucoup appris.

30 jours en France : Seul le résultat compte…

Heureux ou pas, Portugais et Français partagent ce matin une histoire commune. Ils sont les seuls à connaître la blessure d’une défaite à domicile en finale d’un championnat d‘Europe. Les coéquipiers de Cristiano Ronaldo portaient le fardeau depuis juin 2004. Ils l’ont refilé aux Bleus de Deschamps. Voilà une génération qui entame sa croissance avec du poids sur les épaules. Evidemment elle va marcher beaucoup moins bien si elle n’évacue pas l’incident rapidement. Cette finale besogneuse sacre un champion besogneux et un Euro qui n’aura pas délivré de grandes satisfactions. Les deux équipes qui ont proposé le jeu le plus cohérent sur la durée, l’Allemagne et l’Italie, se sont «entretué» en quart de finale. L’Italie en est sortie éliminée et l’Allemagne épuisée et amoindrie avant d’affronter la France en demie pour le résultat que l’on sait. Le Portugal, et cette génération Ronaldo qui mérite un trophée européen pour son obstination à figurer parmi l’élite depuis le début du siècle, n’a pas gagné un match au premier tour qu’il a fini à la 3e place de son groupe et un seul ensuite dans le temps réglementaire. Il a plus tiré au but en une heure de jeu contre les Islandais lors de son tout premier match que dans tout le reste de sa compétition. Il n’aura mené au score que pendant 73 minutes sur 720 minutes en 7 matches. II s’est adapté. Comme hier dans la finale quand il a vite perdu Cristiano Ronaldo, salement blessé par Dimitri Payet. Et à la fin, il est champion d’Europe. Ce Portugal caméléon est à l’image d’un Euro plus souvent plombé par l’enjeu que porté par le jeu. Faut-il y voir la conséquence du passage à 24 équipes et l’irruption de « novices » cramponnés à un système défensif en attendant mieux? Peut-être. L’engouement festif des supporters est un cache-misère. Que retient-on des Islandais, Nord-Irlandais, Irlandais, Albanais? Les chants et l’enthousiasme colorés de leurs fans. Il a manqué à cet euro d’être traversé par un esprit offensif, une idée tactique. Peu de grands joueurs ont été au rendez-vous. Epuisés par leur saison en club? Surement. Le parcours des Bleus n’échappe pas au bilan. Il est bon, évidemment. On n’atteint pas la finale sans avoir rempli quelques objectifs. Il reste la belle image de cette finale avant la finale, jeudi dernier contre l’Allemagne à Marseille (2-0). Sevrée de compétition officielle pendant deux saisons, l’équipe de Deschamps a toutefois paru souffrir de cette situation autant qu’elle en a profité. On a découvert que le sélectionneur, quoi que puissent en dire ses zélateurs, ne maîtrisait pas son système de jeu. Il est né ainsi le pragmatisme à la Deschamps. Pas sûr que tout ait été maîtrisé au vu des apparitions des uns et des autres et de l’évolution tactique de cette équipe jamais maîtresse de son jeu. Heureusement, il y a des satisfactions plus nombreuses comme l’effet Griezmann meilleur buteur de la compétition, la surprise Sissoko, l’esprit de combat affiché jusqu’à la dernière minute. Et cette équipe a renoué le lien avec ses supporters. En 7 matches, ces Bleus auront beaucoup appris et un peu grandi. La victoire et la défaite, aussi, sont en eux. Il faudra s’en servir pour entamer les qualifications au Mondial dès la rentrée. Après qu’elle ait séché ses larmes, c’est là qu’on va juger du niveau où est montée cette équipe.

Etienne BONAMY.

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